Mécanisation de la construction

First tracked vehicule

 

Les États-Unis a été le moteur principal dans la recherche des méthodes pour réduire l’apport de main-d’œuvre, d’abord au niveau de l’agriculture et ensuite dans la construction. Une décapeuse à traction animale a été inventé en 1805 pour des fins agricoles. Toutefois, la moissonneuse mécanique, développée dans les années 1840 et précurseur de l’ingénieuse moissonneuse-lieuse de 1871 (essayez vous-même de construire un mécanisme permettant de nouer deux bouts de ficelle!), menant enfin aux énormes moissonneuses-batteuses auto-propulsées d’aujourd’hui, a été l’une des plus grandes innovations agricoles de tout le temps. Elle a remplacé les faucilles et les faux à forte intensité de main-d’œuvre, augmentant ainsi la productivité du secteur de plusieurs ordres de grandeur. Ainsi on a pu embarquer sur la culture extensive des prairies canadiennes et américaines en dépit de la pénurie chronique de main-d’œuvre de cette époque.

Comme il se doit, les travaux de construction épuisants et dangereux ont toujours exigé des salaires plus élevés autant en Europe qu’aux Amériques. Même si les salaires de base des travailleurs de la construction du 19ème siècle (principalement des Irlandais) gagnaient se situaient plus ou moins au niveau des salaires moyens de l’époque d’environ 15 pence par jour (environ 9 GBP ou 14 USD en matière de leur pouvoir d’achat aujourd’hui) ils négociaient habituellement des primes de 50% ou plus pour ces travaux particulièrement lourds et sales. Leur salaire était donc au niveau d’un col blanc moyen. Forts productifs au travail, mais moins dociles que les machines contemporaines qui les remplaceraient, ils passaient leur temps libre à se saouler et à faire des grabuges au point de terrifier les habitants des environs. Néanmoins, même les grands entrepreneurs de l’époque victorienne ont continué à privilégier les travaux à forte intensité de main-d’oeuvre au Royaume-Uni jusqu’au fin de siècle, faisant appel qu’aux pelles mécaniques et aux chemins de fer temporaires. En Amérique du Nord, par contre, les niveaux de salaires étaient significativement plus élevés (environ 1,35 USD par jour au tournant du siècle, soit environ 20 USD au pouvoir d’achat de nos jours). De plus, la pénurie chronique main-d’œuvre entraînait une hausse rapide des salaires dans le secteur, jusqu’à deux dollars par jour en 1910, et à quatre dollars dans les années vingt. Ces salaires nous paraissent peut-être ajourd’hui, mais dans le temps ils dépassaient grandement ceux des cols bleus de l’époque. Au total, au cours du vingtième siècle, ils se sont multipliés par un facteur de sept en termes réels.

L’évolution dans le temps du matériel lourd illustre admirablement le principe que la fonction de l’objet doit dicter sa forme . Cette évolution, centrée principalement aux États-Unis, a eu lieu entre les années 1880 et la Première Guerre mondiale. Elle se manifestait par la spécialisation progressive des engins selon les distances de transport des matériaux, menant aux engins bien connus tels que la niveleuse, la décapeuse, le bouteur, le rouleau compresseur, la chargeuse à pelle et l’omniprésent tracteur de ferme. Déjà au début des années vingt leurs formes générales différaient peu de celles d’aujourd’hui. La forme élégante et fonctionnelle du tracteur de ferme a peu changé depuis cent ans.
À leurs débuts les niveleuses et décapeuses employaient la traction animale mais leur taille était limitée par le grand nombre de chevaux nécessaires. On a donc passé à la traction mécanique pour aboutir rapidement à l’autopropulsion. Cette transition fut aidée par l’adoption du moteur à combustion, léger et agile, en Amérique du nord, tandis qu’en Angleterre le moteur à vapeur, quasi indestructible, et alimenté par le charbon bon marché, a pris une plus longue période de temps pour céder sa place.

La taille compacte ainsi que l’efficacité du moteur à combustion ont grandement contribué au développement des engins de construction. Rappelons que même si la mise en marche d’un moteur à l’huile sur une journée de grand froid n’était point chose facile au début du siècle, les procédures de démarrage d’un moteur à vapeur exigeaient que l’opérateur se lève au moins trois heures avant le début de sa journée de travail.

Suite à l’évolution rapide pendant les trente années avant la fin de la première guerre, la consolidation des acquis a eu lieu pendant les vingt années subséquentes. Leur taille et leur puissance augmentaient, et les moteurs diesel devenaient incontournables, ainsi que les systèmes de contrôle hydrauliques. Au moment de la Deuxième guerre, ils se ressemblaient aux engins d’aujourd’hui.

Niveleuse

La première niveleuse date de 1886. Elle était, bien entendu, de traction animale. Elle se ressemblait, cependant, a sa descendante (photo), photographiée au même endroit cent ans plus tard.

Grader 1886
L’autopropulsion se généralisait autour de 1909. Grader 1909
Une niveleuse en1986. Grader 1986

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Décapeuse

La décapeuse Fresno, fort populaire à l’époque, puisqu’elle était fort productive malgré sa simplicité relative, est l’ancêtre des monstres de nos jours, qui transportent 240 mètres cubes à l’heure sur une distance de 100 m. Scraper 1900

Bouteur

L’histoire du bouteur débute avec l’amélioration du tracteur à chenilles. Un prototype, à vapeur, a servi à la guerre de Crimée en 1854, mais n’a pas connu de suite. Ses descendants, développés aux États-Unis quelque cinquante ans plus tard, prenait ensuite du temps à trouver leur forme idéale. Finalement, c’était par le contrôle individuel de chaque chenille qu’on a pu éliminer l’essieu de direction placé en avant, menant à une grande agilité et en même temps ouvrant la voie à la mise en place de la lame. Bulldozzer 1908 - Cliquez sur l'image pour voir le video tracked vehicle sur YouTube
L’union vitale de lame et tracteur à chenilles a pris un certain temps, même si le concept existait déjà pour la traction animale. Bulldozzer 1917
On a employé le mot anglais, Caterpillar (chenille) pour la première fois en 1909. Déjà en 1914 leur forme se ressemblait à celles d’ajourd’hui Bulldozzer 1914

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Farm Tractor

L’ alimentation d’un cheval devenait de plus en plus coûteuse vers la fin du dix-neuvième siècle. Faire pousser les produits nécessaires pour le nourrir exigeait que le fermier réserve deux hectares par bête. De plus, son entretien demandait une heure par jour. Le tracteur, même coûteux à l’achat, et peu fiable, était rapidement adopté par les grandes fermes. Il était déjà reconnaissable vers 1890, et prenait sa forme finale autour de la première guerre au moment qu’on a intégré le moteur et la transmission comme colonne vertébrale, éliminant ainsi le recours à un châssis. Ensuite on a continué à augmenter leur taille et leur puissance, sans pour autant modifier leur forme Tractor
.
Le tracteur à vapeur l’avait précédé, surtout en Europe, mais leur poids considérable et leur coût a eu tendance à freiner leur utilisation généralisée à la ferme. On les employait à labourer les sols lourds à l’aide d’un câble attaché au charrue reliant lu tracteur stationnaire à l’autre bout du champ, le charrue voyageant entre les deux, et pour le moisson. Leur coût et complexité technique exigeait qu’on les loue à la journée, mécanicien et charbon compris. Tractor

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Compacteur

Les rouleaux compresseurs à vapeur ont vu le jour vers 1867, résultat de la prolifération des routes macadam pendant le dix-neuvième siècle. Fascinant pendant preque cent ans aux jeunes de l’époque (dont l’auteur) à cause de leur progression lourde et lente, de leur volant énorme, et surtout par les conséquences (heureusement imaginaires) d’une chute sous leurs roues. Compactor 1867
Le vapeur était retenu comme source principale d’énergie pour ces engins pendant une bonne partie du vingtième siècle. Sans doute leur poids, ainsi que leur rayon d’action limité, le favorisait. Cependant, le moteur à combustion s’imposait de plus en plus. Graduellement, les inconvénients de la vapeur, dont les grandes quantités d’eau et du charbon nécessaires, le temps requis pour le démarrage, et les difficultés associées aux déplacements, a eu raison de ces engins. Ils sont disparus des routes européennes pendant les années cinquante. Compactor 1905

Photos courtesy of the American Society of Agricultural Engineers, Champion Road Machinery.
See http://www.hcea.net/ for more.

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