La commercialisation des produits agricoles**

 

La production alimentaire, dont les céréales telles que le sorgho, le mil et le maïs en Afrique, et le riz en Asie, assurent la grande partie de revenus pour la population rurale. Donc, les produits agricoles doivent être transportés au marché économiquement et ensuite vendu à un prix suffisant, pour que la famille arrive à payer ses impôts, les frais de scolarité et de santé, acheter la nourriture qu’ils ne peuvent pas cultiver eux-mêmes, le tout sans oublier les dépenses imprévisibles liées aux nombreuses crises engendrées par la précarité, intimement liée à la pauvreté.

Un réseau de transport adéquat à partir de la ferme jusqu’au marché est nécessaire au fonctionnement des structures de commercialisation. En premier lieu les produits doivent être transportés des champs à la maison ou au village où ils peuvent être entreposés. Ensuite, au moment qu’on dispose d’une quantité suffisante, un membre de la famille, normalement une femme, l’apportera, à pied ou à vélo, à l’un des nombreux petits marchés locaux. Ces marchés sont normalement à coté d’une route praticable par les camions des commerçants qui y achètent, en passant d’un marché à l’autre, une quantité suffisante pour leur assurer un bénéfice aux grands marchés. Parfois, le camion ira jusqu’aux fermes ou au village. Cependant, ses frais de transport occasionnés par le mauvais état des pistes à ce niveau auront tendance à réduire par autant le prix proposé au cultivateur. Il est donc souvent préférable que ce dernier se charge du transport local au marché et au même temps saisir l’occasion pour faire ces achats. Alternativement, l’agriculteur peut choisir de passer à coté du commerçant en se rendant directement au grand marché lui-même, soit à pied, à vélo, ou par moyen des transports en commun, afin de s’assurer d’un bon prix autant pour ses produits que ses achats.

Design and Appraisal of Rural Transport Infrastructure, J. Lebo and D. Schelling, World Bank Technical Paper no 496

Ce schéma expose la hiérarchie des routes rurales qui forment la base des systèmes de commercialisation des produits agricoles. Les trois premiers niveaux consistent des routes rurales qui nous intéressent, normalement des routes en terre ou en gravier, reliant les villages aux marchés et services des villes régionales, et parfois aux grandes villes. En général, à mesure qu’on se rapproche des grandes villes la circulation augmente ainsi que les distances parcourues, et de ce fait, les routes sont plus larges et plus robustes. Ainsi, à mesure qu’on monte dans la hiérarchie routière les routes sont de plus en plus complexes et coûteuses, et leur gestion et leur entretien doivent nécessairement passer des communautés locales aux instances supérieures. Normalement, la gestion des routes rurales devra être à la charge des communautés, ou, le cas échéant, du gouvernement local, plus rapproché aux conditions locales.

Il faut se rappeler que le désir fort naturel de tous, commerçants et cultivateurs, d’acheter à vil prix et vendre cher détermine les structures de commercialisation. En règle générale, les prix des produits augmentent en fonction du nombre (et des revenus) des acheteurs. Au plus bas à la ferme, leurs prix montent ensuite à chaque étape, en allant des marchés locaux aux marchés régionaux, et enfin la grande ville, afin de satisfaire les besoins des consommateurs, plus riches certes à mesure qu’on se rapproche des grands centres, mais ne disposant point du temps et l’espace pour cultiver eux-mêmes. L’éloignement des producteurs ainsi que l’état du système de transport, comprenant les routes et les véhicules, freinent l’efficacité et haussent les prix au marché ou, le cas échéant, baissent les prix payés aux producteurs. Les prix des produits manufacturés suivent une tendance inverse. Ainsi, le fermier qui arrive à contourner le commerçant afin de vendre lui-même ces produits dans la ville jouit donc d’un double avantage. Un réseau de transport en commun est souhaitable ou, bien entendu un moyen de transport personnel à moteur afin de transporter une charge plus importante rapidement sur une plus grande distance et ainsi délivrer le fermier du pouvoir excessif du commerçant. Cependant, le transport motorisé étant rare et coûteux, les routes vers le marché sont toujours bondées des gens qui transportent leurs charges lourdes de 40 kg à dos ou davantage à vélo sur des distances de quinze kilomètres ou plus, faute des moyens de transport abordables. Il en résulte des pertes de temps importants.

les coûts de transport augmentent rapidement à mesure qu’on voyage de la ville vers le village. Les routes rurales de plus en plus fragiles se détériorent rapidement, surtout pendant la saison des pluies. Les coûts d’exploitation de camions empruntant ces routes explosent ainsi que les frais fixes du commerçant puisque les charges deviennent plus fragmentées et la risque augmente d’être retardée pendant des heures ou des jours en raison d’une panne ou une route coupée. Dans certains cas, les frais de commercialisation peuvent devenir tellement élevés à cause des mauvaises routes que le cultivateur ne peut plus vendre ces produits. En même temps les prix des aliments et les services de première nécessité deviennent inabordables en milieu rural

La commercialisation des produits agricoles dépend donc intimement d’un bon réseau de transport rural. Un réseau de routes en mauvais état , empruntés par des véhicules vétustes, rares et mal adaptés aux conditions routières, hausse les coûts et limite la concurrence, entraînent des vils prix pour les producteurs et des prix élevés pour les consommateurs urbains (qui ne sont pas si bien lotis eux-mêmes) et, paradoxalement, des bénéfices élevés pour la poignée de commerçants qui se partagent le marché. Les routes adéquates sont aussi indispensables pour éviter que les produits saisonniers, dont les fruits et légumes ne pourrissent pas dans les champs. Encore, les routes détériorent davantage pendant la saison des pluies. Le fermier ne peut donc profiter des prix élevés juste avant la récolte, et doit vendre au moment quand le marché est saturé et les prix sont au plus bas. Pire, les produits qu’il doit acheter pour survivre pendant les mois de soudure précédant la récolte sont au prix maximal. En bref, les mauvaises routes renforcent la dépendance des agriculteurs des négociants en empêchant le fermier à profiter des variations de prix, laissant le champ libre aux intermédiaires… À leur décharge il faut souligner que ces derniers fournissent, tant bien que mal, des services indispensables en milieu rural. En résumé, les mauvaises conditions de transport poussent les prix des denrées essentielles vers la hausse et, en réduisant l’offre, renforcent davantage cette tendance.

Il faut souligner que les marches ne sont que des lieux pour faciliter achats et ventes. L’accès au marché veut dire l’accès aux potins, aux conseils, à l’information utile et bien entendu tout produit et service qu’on ne trouve qu’en ville. Les routes vaincre l’isolement, œuvrent les horizons, et contribuent à réduire la pauvrété.

Les routes rurales ne seront jamais qu’à peine adéquates. Les réseaux sont trop diffus, formant normalement 90% du réseau national, tenant compte des pistes et sentiers qui alimentent les modestes routes praticables. Néanmoins, leur rôle crucial à l’intérieur du système de commercialisation agricole exige qu’on s’occupe sérieusement. Davantage de fonds, certes, mais aussi en mettant en œuvre les conseils des spécialistes fournies autant sur ce site qu’ailleurs sur ‘l’Internet afin que ces investissements ne soient pas éparpillés. Dans le passé, l’investissement ne manquait pas, mais n’a pas été suivi des améliorations perceptibles au niveau de la mobilité des gens.