Lutte contre la corruption**

On estime que la corruption entraîne des pertes de 400 milliards de dollars annuellement au niveau mondial. En d’autres mots, 10% des dépenses infrastructurelles sont détournés. Les projets de construction financés par des fonds publics, dont les routes, sont parmi les plus corrompus de tous les secteurs, partageant ce triste podium avec la défense et l’industrie pétrolière. Une publication récente de la Banque mondiale confirme que, dans de nombreux pays en développement, 20% à 40% des investissements dans les projets de construction sont grugés par la corruption et la fraude. Les coûts économiques et sociaux supplémentaires sont encore plus élevés. Ainsi, le processus décisionnel est faussé, la qualité des travaux compromise, l’entretien négligé, et la viabilité économique invalidée. Il en résulte les investissements gaspillés, et l’endettement accru des pays récipients.

Jusqu’à il y a dix ans la corruption a été largement acceptée comme élément regrettable mais incontournable du développement international. Les pratiques corrompues des entreprises ( souvent déléguées aux intermédiaires) étaient peu susceptibles d’être pénalisés par leurs propres gouvernements, tenant compte de la concurrence intense. Ces derniers ont même proposé des incitations fiscales pour compenser le coût des transferts illicites. Les hauts responsables au sein des gouvernements récipients percevraient les projets de développement international comme une source de fonds utiles surtout aux fins politiques et personnelles, tandis que les gestionnaires des institutions financières, au pire participaient, ou au mieux fermaient les yeux aux pratiques de corruption,. Il a même été affirmé que la corruption était un mal nécessaire pour graisser les rouages du développement économique du tiers monde. Dénoncer la corruption était, et peut être encore, hasardeux.

Face à une surveillance accrue, surtout au niveau des pays donateurs, il s’est finalement avéré impossible de continuer à soutenir tacitement la corruption comme mal nécessaire. À partir des années 1990, on a pris conscience que la corruption ne servait pas simplement comme moyen de transférer l’argent des gens ordinaires vers les riches élites, mais était aussi néfaste pour le développement, pour la gouvernance des pays hôtes, et entravait la saine concurrence parmi les entreprises des pays donateurs. Ensuite, la Convention de 1997 de l’OCDE concernant la lutte contre la corruption des agents du secteur public a marqué un premier pas d’une transformation profonde de la législation internationale au point ou peu de juridictions tiennent comme acceptable la fraude ou toute autre forme de corruption. Enfin la Convention des Nations unies contre la corruption, entrée en vigueur en 2005, assure la base pour la coopération internationale touchant les questions de la prévention, la criminalisation et le recouvrement des avoirs. En Afrique le NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) encadre la lutte contre la corruption.

La corruption demeure un problème majeur au niveau de la construction et de l’entretien routier. La globalisation a eu tendance à empirer la situation et les procédures fort détaillées et rigides employés pour la gestion technique et financière cachent les malversations. Cependant, nous disposons maintenant de plusieurs sources fournissant des conseils pratiques et des outils de gestion pour atténuer la corruption qui aide à renforcer les approches trop bureaucratiques et faibles des pays donateurs. La mise en œuvre de ces outils et grilles d’analyse découlent de la convergence croissante des intérêts du secteur privé, de la société civile, et des gouvernements concernés. Certaines des meilleures initiatives ont été développées conjointement par la société civile et le secteur privé, notamment les principes pour contrer la corruption de Transparency International (TI), le Pacte mondial des Nations unies, et le partenariat du WEF (World Economic Forum) contre la corruption. On dispose des outils spécifiques développés pour le secteur de la construction dont les systèmes de la Business Integrity Management System de la FIDIC (Fédération internationale des ingénieurs-conseils), ainsi que les divers outils élaborés par le TI pour le renforcement de la gestion au niveau des projets et programmes.

This page has been prepared with support, in a personal capacity, from Hamish Goldie-Scot, member of the UK Anti-Corruption Forum